Vous êtes vous déjà demandé ce qui vous rend addict à certaines applications sur votre mobile ? Et si vous n’étiez pas le seul responsable de cette perte de temps bien orchestrée ?

Tout d’abord, une bonne chose à garder en tête : « quand c’est gratuit, c’est vous le produit ». Ces applications qui nous rendent si dépendants, dont on a du mal à clôturer le compte sont gratuites, et pourtant, force est de reconnaitre qu’il y a beaucoup de travail en amont de la part des équipes de ceux qui les gèrent, et tout cela a un coût. Alors, comment est-ce possible ? Et bien par la publicité, pardi ! De ce fait, tout est fait pour que vous restiez connecté le plus longtemps possible.

Mais comment ? Voyons comment l’UX designer procède lors de la conception d’une application afin de rendre celle-ci indispensable ou presque à votre quotidien.

Derrière ces applications se cachent des stratégies bien ficelées pour vous pousser à rester connectés le plus longtemps possible et le plus souvent, sans même que vous en ayez conscience. Ce phénomène est appelé « stickiness » : c’est le résultat d’une combinaison entre l’engagement et la rétention. Ce qu’on appelle engagement, c’est la fréquence et l’intensité de l’utilisation d’une application. La rétention, c’est le temps passé activement sur celle-ci par les utilisateurs en moyenne. Ensemble, l’engagement et le taux de rétention d’une application démontrent le pouvoir de celle-ci à rentrer dans la vie de ses utilisateurs et à devenir une habitude.

Nir Eyal, auteur de l’ouvrage « Hooked and behavior blogger », a étudié ce phénomène et considère qu’une habitude est un comportement qui se répète sans qu’il soit conscient. C’est un processus presque automatique, réalisé dans la répétition grâce à une expérience qui “accroche” l’utilisateur. Ce qu’on appelle le “hook” (qui signifie crochet en anglais) dans l’univers digital c’est cette expérience qui tient à développer un lien étroit entre la demande de l’utilisateur et la solution proposée. Selon l’auteur, il se compose de quatre étapes illustrées dans le schéma suivant :

Comment expliquer notre addiction aux réseaux sociaux ?
  • Le déclencheur est la raison qui pousse l’utilisateur à se connecter à l’application. Elle peut être encouragée par la réception d’emails ou notifications, ou bien spontanée (solitude, ennui, peur de rater une information, etc).
  • L’action accomplie est l’interaction de l’utilisateur avec l’application en anticipation de la récompense : elle doit être la plus fluide possible grace à une interface intuitive et simple d’utilisation.
  • La récompense est la satisfaction ressentie après cette interaction (les réactions par commentaires, les mentions « j’aime », les réponses à des messages, les nouveaux contacts, etc…)
  • L’investissement : par opposition à un produit matériel qui perd souvent de son intérêt avec le temps, plus ces applications sont utilisées, plus l’internaute y crée et conserve de la valeur affective. En renseignant des données personnelles, en publiant des photos, vidéos, articles, en envoyant des messages privés ou publics, ce sont en effet aussi des souvenirs qui se créent et peuvent se retrouver, de fait cela invite l’utilisateur à se reconnecter régulièrement à l’application.

Mais le système hook ne s’arrête pas là : il insiste sur l’importance de la boucle d’utilisation, et son impact significatif dans le quotidien des utilisateurs.

Prenons l’exemple de l’application Facebook : l’utilisateur se connecte avec pour objectif de simplement rester quelques minutes le temps de consulter l’actualité de son réseau : généralement il va être finalement être attiré par un article, une vidéo ou autres qui vont retenir son attention et l’inciter à aller de liens en liens pour finalement quitter l’application que bien plus tard que ce qu’il avait initialement prévu. L’utilisateur ayant consacré beaucoup de son temps et interagi avec les autres utilisateurs, il se sent investi et aura donc tendance à retourner sur l’application afin de récolter ce qu’il a semé, avoir les retours de ce qu’il a publié de la part des autres utilisateurs, etc…c’est une spirale sans fin.

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Nous pourrions être amenés à penser que la conception des applications utilisant la méthode de « hook » est proche de la manipulation, puisqu’elle utilise les sciences comportementales et cognitives dans la création de l’application. L’intérêt pour les concepteurs de ces applications (gratuites, rappelons-le), est d’insérer subtilement de la publicité afin d’en tirer des bénéfices financiers.

Ce qui est essentiel c’est que chacun trouve son compte, tout en restant lucide sur le réel intérêt de ces applications et de leurs fonctionnements : c’est à l’utilisateur de prendre conscience de ce processus et de trouver un équilibre entre le monde virtuel et le monde qui l’entoure.

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